L’odyssée de Nimet Diniz de Mus à RHD

Nimet Diniz fait partie des piliers de RHD, il assure les services généraux depuis plus de 13 ans. Cet ancien professionnel du bâtiment apprécie particulièrement cette reconversion et l’ambiance singulière de notre entreprise.
Nimet a le visage marqué par le goût de l’effort et la détermination. Au fur et à mesure que le lien de l’échange se tisse, la pudeur laisse place à la confidence, à la confiance et au souvenir. Nimet est né, il y a plus de cinquante ans, dans la ville de Mus en Turquie (Anatolie Orientale) entouré de cinq sœurs et dix frères.
Sans misérabilisme, il explique qu’il ne mangeait pas à sa faim tous les jours, quand il pouvait manger. De même, il hérite des affaires de son grand frère et transmets les siennes à celui qui le suit. Ces épreuves, cette enfance très difficile, lui ont sans doute donné le goût du travail, comme il le souligne : « Dès mon plus jeune âge j’ai toujours voulu travailler dur. »
Nimet, Kurde de Turquie, dans le viseur des autorités
De l’école à l’université, il se forme aux métiers du bâtiment, de la comptabilité à la gestion d’un plan. La construction le fascine. À l’issue d’une alternance, il commence à travailler sur des chantiers comme conducteur de travaux, pendant trois ans. Mais, son passé le rattrape : en tant que Kurde et il se souvent qu’à l’école, il était obligé de dire : “Nous sommes Turcs.”
Pour des raisons de sécurité, il s’exile pour la France où vivent trois de ses cousins. Il y obtient le statut de réfugié politique, et apprécie la liberté et l’égalité de traitement. Après une procédure engagée avec un avocat, il peut retourner en Turquie sans être poursuivi. Ainsi, il revoit sa famille, tous les étés, après plus de douze ans de séparation.
Le Kurdistan à jamais dans son cœur
Comme beaucoup de déracinés, Nimet cultive de liens avec ses origines. Jamais, il n’oubliera sa culture et sa langue. Depuis des siècles, des millions de Kurdes célèbrent leur Nouvel An, Newroz, le 21 mars, jour de l’équinoxe du printemps.
Newroz signifie en kurde le nouveau jour, celui d’une nouvelle année. Elle commence avec le renouveau de la nature après les rudes et sombres mois de l’hiver, est célébrée par des festivités qui peuvent durer plusieurs jours. Les participants préparent un feu, dansent autour et sautent par-dessus. Il insiste : “Pour un Kurde, Newroz, c’est la fête la plus importante. Elle symbolise ma culture, ma langue et ma patrie.”
L’autre fête célébrée est celle des mariages. Cherchant dans ses souvenirs, il se rappelle que les familles Kurdes invitent entre 500 et 1000 personnes, pour un mariage normal.

Nimet se heurte à la dure barrière de la langue
À son arrivée dans l’hexagone, il y a près de 27 ans, Nimet maîtrise quatre langues (arménien, sorani, kurde et turc). Malheureusement, elles sont toutes éloignées de celle de Molière. Son caractère volontaire lui permet d’occuper successivement les poste de chef d’équipe et de chef de chantier. Six ans pour le premier, puis neuf ans pour le second. Malgré cela, l’absence de la maîtrise de la langue reste une souffrance. Il se rappelle : “Quand tu ne parles pas, tu ne lis pas, tu n’écris pas, tu es gêné dans le travail. Quand mon chef de chantier me pose des questions, je ne comprends pas. Évidemment, il s’énerve et laisse éclater sa colère. Il me disait, je t’ai dit ça, et tu n’as rien compris. Mais, traduit dans ma langue, j’arrivais à faire ce que l’on me demandait.”
Pour surmonter cet obstacle, Nimet s’inscrit aux cours de français gratuits dispensés par la mairie de Paris. Trois fois par semaine, à raison de deux heures par séance (de 20 heures à 22 heures), il apprend notre langue. Cependant, il avoue qu’il n’arrive pas à lire et écrire autant qu’il le voudrait, mais sa compréhension atteint 90 %. Il ajoute : “Lorsqu’un courrier arrive à la maison, je peux compter sur ma femme et mon garçon pour comprendre à 100 %.”.
Un parcours sous le signe de la résilience
“J’aimais le bâtiment, c’est mon métier”, lâche-t-il avec nostalgie. Au quotidien, c’est un travail difficile, surtout quand le froid, la pluie et la neige s’invitent sur un chantier. De plus, c’est un travail dangereux. Il explique : “J’ai vu un collègue tomber du troisième étage, il a souffert deux mois avant de succomber. Heureusement, je n’ai jamais eu d’accident, mais j’en ai vu beaucoup”.
Nimet a dû quitter le bâtiment en raison d’un promoteur véreux. Après quatre mois sans verser de salaire, l’escroc s’est évanoui dans la nature. Et comme il préfère le travail au chômage, Nimet s’inscrit dans une agence d’intérim. Deux jours après, l’agence lui propose une mission de peinture au sein de RHD, d’une durée d’un mois.
Après plusieurs missions, il est embauché en CDI comme agent des services généraux. Il s‘acquitte de différentes missions : cariste, peintre, manutentionnaire et toute sorte de travaux.

Des valeurs simples et un principe de vie
Nimet possède une devise forte, qui le guide chaque jour : ne baisse jamais les bras. Évidemment, il ajoute : “Si tu as la santé, tu arriveras à atteindre tes rêves.”. Il n’avait jamais pensé qu’un jour, il retournerait voir ses sœurs, ses frères et sa mère. Mais il a gardé en lui cette volonté de ne jamais baisser les bras. Aussi, pendant 12 ans, il a gardé en tête cette phrase de sa mère : « J’espère qu’un jour, tu reviendras me voir, si tu es vivant, tu reviendras. ».
La politesse, le respect et la gentillesse constituent pour lui des qualités essentielles. S’il vous plaît et merci, sont des formules de base pour passer une bonne journée. Pour lui, les relations professionnelles s’avèrent claires : « j’effectue mon travail, et je respecte tout le monde, et j’ai besoin que tout le monde me respecte. Chacun de son côté, nous poussons dans le même sens pour que la société gagne de l’argent. Nous sommes dans le même bateau, s’il coule, on sombre avec lui. »
Sa troisième force réside dans la famille qui revêt une importance capitale pour lui. Exalté, il lance : « C’est ma vie, c’est mon soleil, c’est mon énergie. Si je n’ai pas ma famille, je travaille pour qui ? ». Selon lui, si tu n’as ni frère, ni sœur, ni épouse, ni enfant. En définitive, tu n’as rien. Nimet reconnait que l’absence de famille représente un grand vide, mais les seules choses graves dans la vie restent la maladie et la mort.
Un rêve automobile et des talents cachés
À sept ans déjà, Nimet pouvait rester enfermé 24 heures dans une voiture pour rêver à son futur bolide. Un rêve qu’il a concrétisé sous la forme d’une Audi A4 dernière génération. Il se dit amoureux des voitures et encore plus de la sienne. Mais avant d’accéder à ce Graal sur quatre roues, il a dû passer le permis de conduire. Il avoue être resté cinq ans inscrit à l’auto-école. Cinq longues années, parsemées de déconvenues, mais qu’il a réussi à surmonter grâce à son épouse : « À chaque échec au permis, je rentrai à la maison en pleurant. Je disais, stop j’arrête. Ma femme m’a encouragé, elle me disait, non, vas-y ! ».
Reconnaissant, il promet que si un jour, elle tombe malade, il pourra l’emmener à l’hôpital. Avec humour, il confie que sa playlist en voiture comprend, à parts égales, des titres kurdes, arméniens et français.
Dans ses hobbies, la construction des meubles occupe une bonne place. Il reconnait que l’envie l’a pris « comme ça ». Il part toujours d’un plan puis il découpe et assemble le bois. Il ajoute à ses talents d’ébéniste ceux de décorateur : « Comme je connais très bien la peinture, je fabrique ma propre palette. Ensuite, je place des accents, j’embellis. Souvent, le résultat se montre très satisfaisant. »
La lecture fait aussi partie de ses passe-temps favoris. Il possède entre 400 et 500 livres en kurde et en turc. Nimet essaie de lire 30 minutes par jour minimum en semaine, plus les samedis et les dimanches.
Son talent le plus secret reste celui pour l’imitation. Il s’avoue comédien et capable d’imiter très bien les gens, connus ou moins, comme ses collègues. Il copie leur démarche, leur façon de parler. Nimet se souvient : « Il y a environ 30 ans, j’ai fait des petites salles, où j’imitais des femmes, j’aimais bien les changements de costumes. Aujourd’hui, je le fais de temps en temps pour que les amis et les collègues rigolent. »
RHD, une ambiance sereine et laborieuse
Après presque 14 ans passés chez RHD, le bilan s’annonce très bon pour l’ancien réfugié. La vie au sein de RHD est facile, il détaille : « Quand tu travailles, personne ne dit rien, quand tu respectes ton travail, tu respectes tes collègues et que tu es sérieux, tout va bien. » Si tu aimes le scandale, la casse et l’alcool, alors tu t’es trompé d’endroit.
Que ce soit avec Stéphane Mauduit, ou avec d’autres collègues, ou encore avec Sophie Pelleau, l’agent reconnait que la communication peut se montrer compliquée à cause de la langue. C’est même un peu difficile, mais avec eux le contact passe très bien. En fait, ils savent se mettre à ta portée. Enfin, l’homme explique sa philosophie : « Je ne parle pas trop avec tout le monde et les gens qui ont besoin de moi, viennent me parler. Sinon, je me fais discret ».
Il loue, comme la plupart de ses collègues, l’ambiance familiale qui règne au sein de RHD. Pour Nimet, c’est comme sa famille. Aussi, quand il constate les liens qui existent entre certains collègues, parfois devenus amis, on peut affirmer que RHD c’est comme une famille. D’ailleurs, pour éviter de se fâcher, on évite de parler de politique.
Dans ses plus grandes fiertés, outre son permis de conduire. Nimet est fier, de travailler dans une entreprise française, d’être marié avec une Française, d’avoir un bon garçon et de jouir d’une bonne santé. Il développe : « On pourrait penser que mon rêve ultime serait de gagner au loto, mais mon rêve, c’est de garder la santé. La garder pour travailler encore 10 ou 15 ans… et perfectionner mon français ! ».